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Maîtrise de la population d'éléphants :

L'abattage sélectif des portées d'éléphanteaux prôné par le National Parks Department du Zimbabwe est une pratique qui demeure hautement controversée. Bien qu'en moyenne 16 à 20 éléphants soient abattus chaque semaine par les braconniers, la population d'éléphants du Zimbabwe s'élève à plus de 65.000 individus, soit, selon les pouvoirs publics, 30.000 éléphants en trop. Les défenseurs de l'abattage sélectif affirment qu'il suffit de se rendre au Chobe National Park, au Botswana, où la population d'éléphants est quatre fois supérieure au nombre idéal, pour se rendre compte des conséquences de la surpopulation. En effet, la brousse y semble par endroits comme ravagée par une explosion nucléaire.
Même si l'abattage est pratiqué avec une relative humanité - on abat plutôt des troupeaux entiers que des individus isolés, afin d'éviter tout stress émotionnel aux éventuels survivants -, de nombreuses voix s'élèvent pour exiger qu'on laisse simplement la nature suivre son cours. D'autres prônent le déplacement des animaux, alternative à l'abattage.

Mais, selon les pouvoirs publics, cette controverse reposerait sur des postulats erronés, car l'être humain a modifié de manière si radicale les terres jouxtant les réserves naturelles, en y implantant des fermes et des clôtures de contrôle vétérinaire, en y faisant paître le bétail et en déboisant la brousse de toutes les essences que les pachydermes dévorent en quantités énormes, que les troupeaux d'éléphants n'ont plus la possibilité de se répartir comme ils auraient pu le faire en l'absence de ces interférences humaines.

Lorsque les éléphants décident de se disperser, les fermiers locaux, qui ne tirent aucun bénéfice des vastes parcelles de terrain réservées aux parc nationaux, sont confrontés à de graves problèmes. Par le passé, l'abattage sélectif offrait une sorte de compensation aux populations locales sous forme de viande. La récente sécheresse n'a fait que compliquer la situation. Elle n'a pas régulé naturellement la population d'éléphants mais les a en revanche contraints à envahir les zones urbanisées, notamment Kariba, où ils ont pris l'habitude de venir se désaltérer dans les piscines et de ravager arbres et jardins, créant ainsi une situation très dangereuse pour les populations locales, menaçant leurs biens, leurs récoltes et leurs animaux.
Le grand nombre d'éléphants vivant dans le sauvage et magnifique Hwange National Park représente une prouesse technique. Les lacs de retenue et les points d'eau étant des créations artificielles alimentées par des pompes, nombre d'écologistes s'accordent à penser que la faune du Hwange doit faire l'objet d'une gestion rigoureuse . Sinon, selon eux, le parc sera confronté à un dilemme insoluble opposant préservation de la nature et tourisme.
Comme les voyageurs s'y rendent pour découvrir la faune, on crée de nouveaux points d'eau pour attirer d'avantages d'animaux dans les zones offertes aux visiteurs. En raison de la présence de l'eau, ces zones connaissent un accroissement des populations animales, ce qui induit un afflux plus important de touristes et une pression aggravée sur l'environnement, exercée tant par la faune que par les besoins en équipements touristiques.
Un véritable cercle vicieux se met en place. L'environnement commence à se dégrader et un jour une décision radicale devra être prise.

Le camp opposé affirme de manière très convaincante que les éléphants jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes complexes de la brousse et que l'abattage sélectif perturbe ces processus naturels. L'arbre mopane (Colophospermum mopane), par exemple, qui couvre la majeure partie de l'habitat de l'éléphant en Afrique australe, constitue l'un des aliments préférés des pachydermes. Ceux-ci en broutent les feuilles, transformant ainsi les mopanes en arbustes rabougris dont les nouvelles feuilles poussent avant celles de leurs homologues plus développés, constituant jusqu'à la fin de la saison sèche la nourriture des impalas, des koudous, des élands du Cap et d'autres herbivores. Les jeunes feuilles sont en outre plus énergétiques et renferment d'avantage de protéines et d'azote et moins de tanin indigeste que celles parvenues à maturité.

Les éléphants dépouillent également de leur écorce les mopanes, ce qui permet aux termites de coloniser le tronc de l'arbre, d'en évider le cœur et de protéger l'arbre : si un animal vient à en brouter les feuilles, il sera attaqué par ces insectes. Ainsi donc, les éléphants font partie d'un cycle plus vaste et moins manifeste que ne laisserait penser la simple observation.
En outre, l'abattage sélectif des éléphants n'est guère prisé par les touristes occidentaux. Non seulement ceux-ci déplorent l'abattage, mais souhaitent également imaginer qu'ils découvrent l'Afrique sauvage et sont ulcérés à l'idée même de l 'existence de programmes complexes de gestion de la faune. D'autre part, rares sont les touristes à apprécier la vue d'une brousse dévastée et d'éléphants faméliques. En réponse, les gestionnaires de la faune ont expérimenté le déplacement d'éléphants hors des zone surpeuplées, mais de telles opérations, extrêmement onéreuses, dépassent de loin le budget des parcs. Afin de résoudre ce problème, on prévoit actuellement d'allouer aux parcs une plus grande part du revenu qu'ils procurent, mais il reste beaucoup de chemin à faire.

 
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