VOYAGE AFRIQUE DE L'OUEST
HIVER 2004-05
25.000 km !
~ RÉCIT GUINÉE (début) ~
En savoir + !

Lundi 10 janvier : Bamako  /  Siguiri (Guinée)

ON PEUT LE DIRE, ÇÀ Y EST, ON MAÎTRISE L'AFRIQUE !!
Journée hyper stressante, mais on est arrivés à nos fins !
Vouloir rentrer avec son propre véhicule en Guinée Conakry relève du parcours du combattant, et demande une patience démente !
Tout d'abord, le visa : on passe deux heures à l'ambassade, à négocier âprement nos visas et notre laissez-passer touristique pour le 4x4 ; on arrive à se glisser dans le bureau du Consul, qui nous reçoit très chaleureusement et finit par nous faire une fleur. On sort de son bureau avec sa carte de visite (elle nous servira cette après-midi !!), et les coordonnées du Chef de la Sécurité à Conakry ; c'est exactement ce que l'on voulait, ressortir de l'ambassade avec des noms de personnes "haut-placées" (ce seront d'excellents appuis en cas d'embrouilles) !
A midi, on quitte Bamako pour la Guinée ; pas de problème pour quitter le Mali, par contre pour rentrer en Guinée, il va nous falloir s'armer de patience et de beaucoup de tact "africain" !!
Trois "barrages" (des vrais examens de passage, avec brevet de l'Afrique à l'appui si on parvient à ne pas y laisser trop de plumes) : gendarmerie, douane, police !

Dès le premier poste, le racket commence, on veut nous faire payer une deuxième fois le laissez-passer pour la voiture (150 francs), ce que l'on refuse, et l'on obtient satisfaction en sortant la carte de visite du Consul, et en disant qu'on avait eu rendez-vous avec l'ambassadeur et qu'il n'en était pas question ; la réponse du gendarme, désarmante, a été "vous auriez pu le dire avant, que vous aviez rencontré l'ambassadeur" !!!
Deuxième poste, la douane : comme on n'a pas de CPD (Carnet de Passage en Douane), ils essayent de nous faire payer 2% de la valeur du 4x4 !!! On hallucine !! Et là, on leur dit également qu'il n'en est pas question, et qu'on venait de l'ambassade ; ils nous répondent qu'il faut attendre le chef, qui est en réunion, mais on ne sait pas quand il revient, et que serait encore plus cher quand il reviendra !!!  Ce n'est pas grave, on a tout notre temps, et on commence un sitting ! Au bout de trois quart d'heure, comme par hasard, le "chef" revient et nous laisse passer, tout étant bien entendu en ordre ; comme quoi, même en Afrique, le temps c'est de l'argent !!!
Troisième et dernier poste, la police : là, cela se passe parfaitement bien, dès que les policiers ont vu sur nos passeports qu'on avait des visas de "courtoisie" !!! Autrement dit, le piston çà sert, on a heureusement été pistonné par le Consul !
Conclusion : patience et longueur de temps, en Afrique, c'est la bonne recette ; sans compter une très grosse dose de "faux-cul" (on passe notre temps à leur souhaiter la bonne année, leur serrer la main, et leur demander comment va la santé et la famille, ce qui les flatte !!).
Plus de deux heures pour passer la frontière (la plus "délicate" que nous ayons jamais passée !), mais nous voilà en Guinée !
On a obtenu notre diplôme es Afrique !
Ce soir, sur le conseil de Carlos, le prêtre péruvien que nous avions rencontré au Burkina, nous allons passer la nuit à la Mission Catholique de Siguiri (toujours les Salésiens de Don Bosco), où nous sommes accueillis par Innocent, un prêtre togolais ; malheureusement, Francisco, le prêtre mexicain est en brousse. Nous dormons dans un havre de paix au milieu de manguiers.

Mardi 11 janvier : Siguiri  /  Kankan

Après un petit déjeuner partagé avec Innocent, ce dernier nous emmène faire du change dans une arrière boutique qu'on aurait jamais trouvée, mais surtout nous emmène dans une station service excentrée qui a du gazole, car depuis une quinzaine de jours, il y a pénurie dans le pays, la plupart des stations sont fermées, et il y a des files d'attente incroyables à celles qui sont ouvertes (cela nous rappelle le Zimbabwe, où il avait fallu en acheter en contrebande, en cachette, et encore grâce à des relations, comme quoi en Afrique, sans relations, on ne survit pas longtemps !).
On remplit donc les deux réservoirs (250 litres au total), pour être tranquilles.
Route jusqu'à Kankan, où on arrive à midi chez les Salésiens de Don Bosco qui tiennent un centre de formation professionnelle : une centaine d'élèves pour trois
ateliers d'apprentissage, mécanique générale, mécanique auto, et électricité (85% de taux de réussite, le meilleur du pays) ; nous sommes accueillis par Marco (prêtre équatorien), David (prêtre malien), et Norbert (prêtre togolais) ; comme ils nous font visiter les ateliers, on leur raconte qu'on a le réservoir supplémentaire de gazole qui fuit ; qu'à cela ne tienne : on met le 4x4 sur la fosse, et ils se mettent à vider les 150 litres dans un fût, démontent le réservoir, et font une soudure salvatrice !!
Il y avait une fissure sur le réservoir (qui est neuf !!!). Un super travail, et avec le sourire !  De plus, David, le père chef mécano, ne veut rien nous faire payer ; nous ferons alors une donation aux Salésiens de Don Bosco.
Vu l'heure, Marco nous suggère de rester dormir à la Mission, ce que nous acceptons avec grand plaisir ; nous allons voir les jeunes qui font du sport sur les installations de la Mission, et nous partageons les repas des pères.

Mercredi 12 janvier : Kankan  /  Kindia 

Après le petit déjeuner partagé avec les pères, nous les quittons à regret pour continuer notre route vers Conakry ; plus de 500 km d'un mauvais goudron, à faire du gymcana entre les trous, des camions qui arrivent à fond la caisse, et pas mal de montagne avant d'arriver à Kindia. Plusieurs contrôles de police, dont un un peu sérieux, où tous les arguments semblent bons pour nous racketter, et il nous faut sortir le grand jeu (nous avons rendez-vous au Ministère de la Sécurité avec le Capitaine M.), et là, soudainement, on a droit à un "garde à vous" et on passe sans problème !! Qu'est-ce que cela sera demain en arrivant à Conakry, au fameux contrôle du PK 36, de sinistre réputation ??
À Kindia, nous galérons un peu pour trouver Monsieur et Madame Bayard Diallo, des amis que Marie-Jo (notre copine de Lyon) nous a recommandé d'aller voir ; on est alors chaleureusement accueilli par ce couple, lui instit et elle infirmière, tous deux des peuls ; comme ils n'avaient pas prévu notre arrivée, ils nous invitent à dîner dans un petit restau sympa.
Mais c'est vraiment ce soir que nous prenons conscience des problèmes de la Guinée : le pays n'a pas ou peu d'électricité ! À Kindia, il y a de l'électricité un soir par semaine de 18 h à minuit et un autre soir de minuit à 4 h du matin, incroyable !
Le retour du restau en voiture se fait dans une ville noire, faiblement éclairée par des bougies et lampes à pétrole, ainsi que quelques groupes électrogènes !! Et toute la population est dans la rue, ne pouvant rien faire chez soi dans le noir.
Depuis la dictature de Sékou Touré, l'économie du pays s'est considérablement dégradée, et la population souffre terriblement ; nous n'avions pas vu une telle déconfiture d'un pays depuis notre passage en Sierra Léone avant la guerre en 1993 !! Nous dormons dans la cour du cousin de Bayard, bien au calme.

Jeudi 13 janvier : Kindia  /  Conakry

Petit déjeuner copieux chez les Bayard Diallo, qui sont tellement ravis et "honorés" de notre visite ; ils nous emmènent ensuite chez Madame Candiotti où nous allons lui présenter nos condoléances ; en effet, son mari (un français) est décédé il y a un mois, et nous devions le rencontrer, c'est également un ami de Marie-Jo ; puis nous déposons Madame Bayard Diallo à son centre de santé, flambant neuf (il a été inauguré il y a une semaine) ; climatiseurs, salles de douches, etc, mais il n'y a ni eau ni électricité, sans commentaires !
Puis, c'est la route pour Conakry, et là, miracle, le PK 36 se passe les doigts dans le nez, sans même avoir besoin de sortir nos arguments, on serait presque déçus !!
Circulation dantesque à Conakry, mais on commence à avoir une sérieuse habitude ; nous allons directement chez Nadine Bari, cette femme française que nous avons connue par Internet, présidente de l'association Guinée Solidarité (c'est à cette assoc que nous remettrons les médicaments et matériel médical que nous avons dans nos malles). Moment émouvant de rencontrer cette femme, mariée à un guinéen qui a été enlevé en 1972 sous la dictature Sékou Touré ; Nadine s'est alors battue pendant des années pour essayer de savoir ce qu'il était devenu, jusqu'à ce qu'elle ait hélas eu la certitude qu'il avait été torturé à mort.
Pour ceux que cela intéresse, nous ne pouvons que vous conseiller la lecture des quatre livres de Nadine Bari : "Grain de Sable", "Noces d'absence" (Ed. Le Centurion), "Chroniques de Guinée" (Ed. Karthala), et "Guinée, les cailloux de la mémoire" (Ed. Karthala).
Nous sommes merveilleusement accueillis par Nadine, qui nous offre une chambre pour quelques jours dans sa grande maison ; c'est pour nous l'occasion de nous poser un peu après deux mois d'un voyage assez fatiguant.
Conakry, la capitale, a les mêmes problèmes que tout le pays : pas d'électricité (il y a de l'électricité un ou deux soirs à 18 h, et un ou deux soirs à minuit), et plus d'eau depuis 6 mois !! C'est donc au seau (rempli au puits du jardin) que l'on se lave, dans une salle de bain luxueuse ! Mais Nadine va faire faire un forage avec pompe, de façon à ré-alimenter ses robinets. Nous voilà donc à partager pendant quelques jours la vie de Nadine, femme au combien passionnante.

Vendredi 14 à  mardi 18 janvier : Conakry

Nous vivons au quotidien la vie de l'association "Guinée Solidarité", créée par Nadine Bari ; elle vient en aide à nombre de déshérités, elle consacre sa retraite aux guinéens nécessiteux. Tout au long des journées, c'est un défilé à la maison de responsables de quartiers ou d'écoles, et autres associations locales qui ont tous besoin d'aide.
Nous allons surtout à la Cité de la Solidarité, véritable ghetto au cœur de Conakry, où vivent une centaine de famille (environ 450 personnes) dans des conditions déplorables (de 12 à 15 personnes dans des chambres insalubres de 4m2), et dans des conditions d'hygiène inimaginables (pas d'assainissement).
Beaucoup de handicapés (aveugles, polio, etc), ce qui transforme cette cité en une véritable cour des miracles. Fort heureusement, les guinéens sont propres, et contrairement aux autres pays d'Afrique de l'ouest, les ordures ménagères ne trainent pas dans les rues, mais sont ramassées et brûlées, ce qui donne un aspect relativement propre à l'intérieur de la cité.
Au cœur de cette Cité de la Solidarité, Nadine a créé un Centre de Santé, qui porte son nom, où 5 à 6 internes guinéens consacrent plusieurs heures tous les matins pour donner bénévolement des consultations.
C'est à l'infirmerie de ce centre de santé "Nadine Bari" que nous avons choisi de donner les cartons de médicaments et para-médical (400 aiguilles stérilisées, 100 bistouris, 400 gants stériles) que nous avaient donné notre pharmacien et notre dentiste en Seine et Marne, ainsi que notre amie Marie-Jo. Nos cartons tombent à point, car l'armoire à pharmacie du centre est encore une fois presque vide !
Malgré cette misère difficile à supporter, nous sommes heureux, notre mission est accomplie, nous ne pouvions pas mieux trouver à qui donner ces médicaments et paramédical. Nos interlocuteurs nous remercient chaleureusement, et nous avons bien envie de renouveler cette opération humanitaire, avec Guinée Solidarité. La vie à Conakry est la plus difficile que nous ayons connue dans une capitale d'Afrique de l'ouest, avec cette absence d'eau (on passe notre temps à remplir des seaux au puits dans le jardin), d'électricité (à moins d'avoir la chance d'être sur le même réseau que certains hôpitaux ou Coca Cola !), mais également de téléphone (absence de réseau à mi-temps !) ; la nuit, nous sommes réveillés par des rafales de mitraillettes, tirées dans les rues, sans en connaître vraiment la raison ! (en fait, les habitants signalent ainsi qu'ils sont armés, et que personne n'a intérêt à essayer de tenter une mauvaise action !). Samedi soir, deux ophtalmos français arrivent, de l'association "Voir la Vie" ; chaque année, ils prennent sur leurs vacances pour faire pendant 15 jours des opérations de la cataracte et former des médecins et infirmiers. Lundi matin, nous retournerons à 6 h du matin à la Cité de la Solidarité, où 200 petits déjeuners sont "offerts" chaque matin par Guinée Solidarité aux enfants avant qu'ils ne partent à l'école.
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