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~ LE SALVADOR ~
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Salvador - Itinéraire
Carte du Salvador

Mardi 16 mars 2010 : nous quittons le Honduras, pour entrer au Salvador, le plus petit pays du continent américain. Comme au Honduras, le passage de la frontière s'effectue en moins d'une heure, avec le sourire et des mots de bienvenue au Salvador.

Le Salvador, dont le nom officiel est El Salvador, est un pays d'Amérique centrale, entre le Guatemala et le Honduras. Il est le plus petit pays d'Amérique centrale, et le seul à ne pas avoir de façade maritime sur la mer des Caraïbes. Le Salvador a adopté le dollar américain comme monnaie en 2001 à la place du colón.
Le pays fut dirigé par l'armée de 1932 à 1982, mais fut aussi le théâtre d'une guerre civile sanglante (plus de 100.000 morts) pendant 12 ans, de 1980 à 1992, entre l'extrême-droite représentée par l'ARENA (Alliance républicaine nationaliste) et la guérilla marxiste du Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN). Pour soutenir la junte militaire en place, les États-Unis se sont engagés au côté de l'armée salvadorienne. En 1992, les différents protagonistes de la guerre civile signent les accords de paix de Chapultepec qui mettent effectivement fin à la guerre.

Le Salvador
Le Salvador
Le Salvador

Le Salvador - La Mara
Le Salvador est considéré comme un des pays les plus dangereux au monde, avec plus de 16.000 homicides depuis juin 2004. Selon la justice, plus de la moitié de ces meurtres seraient dus aux gangs particulièrement violents qui y sévissent, les "maras".
Les "maras" sont des gangs armés principalement impliqués dans des affaires de transferts de stupéfiants qui s'étendent à toutes les formes d'activités illicites. Ils sont regroupés en structures plus importantes de type mafieux. Leurs membres, les "mareros", sont originaires des pays d'Amérique centrale comme le Salvador, le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua. Ils sont particulièrement actifs dans les pays d'Amérique centrale (100.000), aux États-Unis (30.000) ainsi qu'au Mexique (5.000).
Ces gangs ont été formés dans les années 1980 par des immigrés clandestins venant du Salvador, du Honduras ou encore du Guatemala qui fuyaient des conditions de vie difficiles, voire dangereuses (guerres civiles et dictatures).

D'abord fondées aux États-Unis, les "maras", dans un deuxième temps, se sont implantées dans leurs pays d'origine, notamment à la suite d'expulsions massives des États-Unis. Beaucoup de "maras" sont essentiellement composées d'adolescents. Leurs activités vont du trafic de drogues, du racket, des cambriolages au proxénétisme.
Le Salvador - La Mara
L'assassinat d'innocents fait partie intégrante de leur initiation. Pratiquement tous les "mareros" se parent d'imposants tatouages pour mieux se reconnaître, ce qui facilite par la même occasion leur repérage par un gang rival ou les autorités.

Le Salvador
Le Salvador
Le Salvador
Notre séjour au Salvador sera essentiellement consacré à la visite que nous faisons à la congrégation française des "Servantes de la Présence de Dieu" (dont Agnès, une nièce de Marc fait partie), la branche religieuse de "Points-Cœur", fondée en 1994 par le Père Thierry de Roucy.
Présente dans 18 pays, Points-Cœur a pour mission de former et d’envoyer de jeunes volontaires pour vivre 1 an ou 2 au cœur de quartiers particulièrement défavorisés au service des plus délaissés, tout spécialement les enfants.
Les Sœurs vivent en petites communautés de cinq ou six. Des relations vraies et simples permettent à leur amitié d’être une réelle compagnie pour leur vie. Elles incarnent le charisme de compassion en visitant leurs voisins et en particulier ceux qui souffrent et ceux qui sont seuls, mais aussi en ouvrant leur maison à tous, en offrant leur amitié. Les Servantes de la Présence de Dieu sont aujourd’hui 30 Sœurs de six nationalités différentes et leurs prieurés sont établis en France, au Pérou et au Salvador.

A 30 mn de la capitale, à San Pedro Perulapán, la maison des Sœurs est le lieu qu’aiment à fréquenter les petits et les grands, que ce soit pour venir jouer ou prier avec les Sœurs. Avec le temps, des liens d’amitié se sont tissés et bon nombre de leurs "amis" viennent trouver un peu de consolation et d’écoute chez elles.
Le Salvador
Le Salvador
Le Salvador
Agnès, ou plutôt Sœur Bénédicte, est accompagnée de cinq autres Sœurs, 3 françaises, une argentine et une libanaise. La joie et la bonne humeur sont le moteur de leur action.
Elles nous reçoivent ainsi avec beaucoup d'entrain, et nous invitent à partager leur action pendant une dizaine de jours. Elles sont installées dans une grande maison au milieu d'une finca (café, oranges) de 4 hectares. La vente de leur café et des fruits de la finca leur permet de financer une partie de leur quotidien. Pour le reste, surtout les constructions de bâtiments et leur entretien, ce sont des dons provenant de fondations européennes.
Les Sœurs nous installent dans nos "appartements", où elles reçoivent habituellement leurs familles et amis. Les repas sont pris en commun, dans une atmosphère joyeuse, et nous avons vraiment plaisir à partager ces moments privilégiés avec les Sœurs.
Nous allons donc les suivre dans leurs actions quotidiennes. Nous rendons ainsi visite à quelques familles proches de leur maison ; les Sœurs donnent simplement un peu de leur temps et de l'amour à ces familles défavorisées. Elles savent prendre le temps d'être à l'écoute de l'Autre. Une fois par semaine, elles vont donner la communion aux malades, et c'est encore l'occasion d'être à l'écoute de ces personnes.
Le Salvador
Le Salvador
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Le Salvador
Afin de mieux mesurer le travail de la communauté, mais également celui des volontaires de Point Cœur, nous allons avec Agnès passer une journée au sein d'un des bidonvilles de la capitale.

La "Casa" de Point Cœur est au centre de ce quartier, et sert de point d'accueil pour les jeunes de ces habitats précaires, qui viennent passer quelques heures avec les volontaires de l'association. Une fois par semaine, une Sœur des "Servantes de la présence de Dieu" vient également "écouter" les habitants du quartier. Certaines ruelles du bidonville sont une vraie cour des miracles, et nous rappellent singulièrement la Cité de la Solidarité à Conakry (Guinée), où nous faisions des distributions de petits déjeuners il y a quelques années.
En parcourant les rues du quartier, nous accompagnons Agnès et Alexis, l'un des volontaires Point Cœur, dans leurs visites auprès de certaines familles parmi les plus démunies.
De plus, le bidonville est partagé entre deux clans de "maras", le 18 et le 13 (du nom des 18ème et 13ème rues de Los Angeles), cette dernière semblant être la plus violente.
Le meurtre d'innocents fait partie des différentes épreuves d'initiation de certaines Maras, notamment la MS13, et ces activités les poursuivent pour le reste de leurs vies. Les accès de la partie "13" du quartier sont d'ailleurs gardés par des militaires, mitraillettes au poing. Parmi les moments les plus poignants de cette journée, la visite à la famille d'un garçon de 12 ans nous a particulièrement marqués ; atteint de tumeurs au cerveau, il est aujourd'hui allongé ou en fauteuil roulant, dans ce qui leur sert de maison, d'une immense pauvreté.
Devant certaines maisons, nous avons droit à un regard assassin de quelques "mareros", qui respectent néanmoins les Sœurs et les volontaires de Point Cœur (certains de ces "mareros" fréquentaient le Point Cœur lorsqu'ils étaient enfants).
Par respect tant pour les habitants du quartier que pour le travail de Point Cœur et des Sœurs, nous nous sommes abstenus de faire des photos. A la tombée de la nuit, nous rentrons en bus au couvent, retrouver le calme et la sérénité, mais cette journée ne nous laissera pas indifférents, loin de là. Nous ne pouvons qu'admirer le travail des Sœurs et des volontaires, bravo à vous tous !

Le Salvador
Le week-end s'annonce chargé ! Dès 9 h du matin, une quinzaine de jeunes du bidonville arrivent chez les Sœurs afin d'y passer les deux jours, dans des conditions presque luxueuses pour eux.

Nous sommes bien entendu mis à contribution : visite du 4x4, diaporama de nos photos et vidéos d'Amérique du sud, c'est merveilleux de voir la joie de ces enfants de familles défavorisées.
Le Salvador

Le Salvador - Quinceañera
Nous sommes également invités aux 15 ans d'une jeune fille (quinceañera) du village. Au Salvador, cet anniversaire est très important pour les filles.

La famille organise une grande fête, digne d'un mariage. La jeune fille est superbement habillée, et danse avec son frère ou son père sur la musique d'un chant qui explique la transition de l'enfant qu'elle était à la femme qu'elle devient.
Nous partons avec Agnès et Sœur Haifa, et nous partageons ainsi le déjeuner avec toute la famille, jusqu'au gâteau, qui ressemble singulièrement à celui d'un mariage.
La Quinceañera trouve ces origines dans la religion, et plus précisément au sein de la civilisation Aztèque. Cette dernière considérait que le quinzième anniversaire symbolisait le passage de l'enfance à l'âge adulte, la fille devenant ainsi aux yeux de sa tribu une femme. Cette idée est toujours présente dans la communauté latino-américaine. Aujourd'hui, le lieu de la cérémonie (une église) et l'iconographie de la Vierge Marie utilisée, lie la Quinceañera à la religion catholique.
C'est aussi l'occasion pour nous de discuter avec des salvadoriens, qui nous expliquent que pratiquement toutes les familles du Salvador ont des parents qui ont émigré (illégalement) aux USA. Une femme nous raconte d'ailleurs comment elle a passé 20 ans aux États Unis, après avoir payé près de 3.000 dollars à un passeur !
Le Salvador - Quinceañera

Le Salvador - Monseigneur Romero
Le Salvador célèbre en ce moment le 30ème anniversaire de la mort de Monseigneur Romero, véritable héros national.
Óscar Romero était l'archevêque catholique de San Salvador et un fervent défenseur des droits de l'homme, particulièrement des paysans de son diocèse.

Pendant la dictature militaire, il était fréquemment en conflit avec le pouvoir politique et la haute bourgeoisie, dénonçant les massacres, les assassinats, la torture, les disparitions, et autres atteintes aux droits de l'homme.

Le 23 mars 1980, il lance un appel aux militaires, disant qu'un militaire n'est pas obligé d'obéir à un ordre de tuer, malgré les menaces de mort perpétrées à son endroit lors des dernières semaines.
L'archevêque de San Salvador est assassiné le lendemain, le 24 mars 1980 sous les yeux d'une multitude de fidèles alors qu'il célèbre la messe dans la chapelle d'un hôpital. Le jour de son enterrement, l'armée et les forces paramilitaires font feu sur la foule, assassinant 40 personnes et en blessant 200.

Le Salvador
Dimanche soir, nous subissons une invasion de millions de fourmis qui migrent, et ne trouvent rien de mieux que de traverser une partie de la maison des Sœurs ! C'est très impressionnant, et dans notre chambre, nous luttons pendant près de trois heures, balai à la main, pour les faire sortir.

Malgré nos précautions, nous sommes piqués par deux ou trois fourmis, et Gwendolyn, en moins d'un quart d'heure, développe une très forte allergie sur tout le corps.

Vers une heure du matin, la migration se termine, nous allons enfin pouvoir dormir. Et le lendemain, toute trace d'allergie a disparu, tout comme les centaines de fourmis mortes que nous avions jetées dehors.

Le Salvador - Puerto Libertad
Le Salvador - Puerto Libertad
Le Salvador - Puerto Libertad

Le lundi, c'est le jour de "congé" des Sœurs, nous partons tous ensemble dans leur pick-up à Puerto Libertad, où nous retrouvons Benoît et son épouse salvadorienne Keny, tous deux anciens de Point Cœur, et partageons un délicieux repas de fruits de mer au bord de l'océan Pacifique.

Voilà bientôt deux ans que nous avons quitté la France et que nous sommes en "voyage". Nous vivons 24 h sur 24 ensemble, et dans seulement 3m2 ! C'est une expérience enrichissante, mais pas toujours facile à vivre, car nous n'avons pas de moments pour nous retrouver chacun face à soi-même. Alors, tout comme les Sœurs le font chacune une fois par mois, nous nous offrons une journée "désert" : nous nous isolons une journée entière, chacun de nous deux dans une pièce différente du couvent, où nous trouvons le calme propice à cette retraite. Lecture, écriture, méditation sont au menu de notre journée.

Le Salvador - Puerto Libertad
Le Salvador - Puerto Libertad
Le Salvador - Puerto Libertad

Le Salvador
Deux ouvriers salvadoriens travaillent dans la finca des Sœurs (entretien et récolte du café). L'un d'eux, Jose Elias, vit avec sa famille dans des conditions extrêmement précaires, sa maison en adobe (terre) ayant été emportée en novembre dernier à la suite des fortes pluies.

Nous partons avec Agnès lui rendre visite, dans la nouvelle maison, également en adobe, qu'il reconstruit. Jose Elias et sa famille (7 enfants et deux petits enfants) vivent dans moins de 20 m2, sans eau ni électricité.
Le Salvador
Les enfants nous accueillent avec beaucoup de tendresse, et c'est avec joie que nous leur offrons des marionnettes que nous avions emportées de France. Ils nous improvisent aussitôt un petit spectacle.
Encore une fois, nous ne pouvons qu'être bouleversés par tant de misère, mais est-il raisonnable de mettre au monde 7 enfants dans de telles conditions ? Cette grave question est un débat de société qui nous dépasse largement.

Le Salvador - Suchitoto
Le Salvador
Le Salvador - Suchitoto
A une trentaine de kilomètres de San Pedro, en compagnie d'Agnès nous visitons le joli village colonial de Suchitoto, qui charme par son atmosphère d’antan et ses rues pavées bordées de maisons typiques. L'Église Santa Lucia a été fort bien restaurée, et nous avons plaisir à visiter l'hôtel Los Almendros de San Lorenzo, tenu par Pascal, un français. Ce village colonial à l’activité culturelle riche est une destination prisée des San Salvadoriens pour les fins de semaine.

Le Salvador - Pupusa
Le Salvador - Pupusa
Le Salvador - Pupusa
Le Salvador - Pupusa
Pendant notre séjour, nous avons eu plusieurs fois l'occasion de déguster les "pupusas" que préparent Rita et sa fille Wendy. La pupusa est un plat salvadorien très répandu, probablement à cause de son faible coût. C'est en fait une tortilla de maïs garnie avec du chicharon (viande de porc), des frijoles (haricots rouges) ou tout simplement du quesillo (fromage frais). Les pupusas sont servies avec de la sauce tomate et une salade de chou et carotte, le tout tient bien au corps.

Le Salvador

Samedi 27 mars : il est temps de reprendre la route, et de quitter, à regret, les Sœurs qui nous ont si bien accueillis. Nous avons passé 10 jours merveilleux en votre compagnie, nous avons ainsi pu nous ressourcer. Merci à vous, Agnès, Alix, Faustine, Anne, Paola, et Haifa. Nous remontons vers le nord en empruntant la "Route des Fleurs", qui nous fait passer au milieu des cultures de café, et à cette époque de l'année, les caféiers sont tous en fleurs.
Dimanche 28 mars 2010 : nous quittons le Salvador pour entrer au Guatemala.

Le Salvador - Fleur de café




Liste, certes subjective, de ce que nous avons aimé et de ce que nous n’avons pas aimé au Salvador

En un mot, nous avons été satisfaits de notre séjour au Salvador

~ Nous avons aimé ~
~ Nous n'avons pas aimé ~
L'excellent accueil des salvadoriens, fiers que l'on vienne vister leur pays, alors que le Salvador n'est pas un passage obligatoire dans une traversée du continent américain
L'insécurité, avec comme conséquence tous les lieux publics gardés par des vigiles armés de fusils à pompe
Le village colonial de Suchitoto

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