Dimanche 25 avril 2010 : nous quittons donc la péninsule du Yucatan pour arriver dans l'état de Tabasco, dont la capitale est Villahermosa. C'est dans cette ville que nous attendent Jorge et Pamela, que nous avions rencontrés à Cartagena, en Colombie (Pamela est la fille de "prédicateurs" chez qui nous bivouaquions). Tous deux nous accueillent avec une immense gentillesse ("vous êtes chez vous", nous répètent-ils inlassablement) dans leur superbe maison, où nous nous installons pour quelques jours, avec plus que tout le confort … et Internet.
Fort heureusement, il y a la clim dans leur maison, car une vague de chaleur perdure dans cette région, avec des températures supérieures à 40° à l'ombre.
Villahermosa est située dans le golfe du Mexique, "en face" du Texas, et c'est "la" région pétrolière du Mexique. Cela explique que la ville soit riche, à l'américaine, avec ses "malls" et ses somptueux restaurants.
Jorge et Pamela ne savent pas quoi inventer pour nous faire plaisir, et nous invitent tous les jours au restaurant déguster des spécialités du Tabasco, en particulier dans un excellent resto de poissons et fruits de mer, où nous retrouvons la famille de Jorge. A cette ocasion nous mangeons "el pejelagarto", un poisson commun dans les eaux douces de l'état du Tabasco.

Vendredi 30 avril : nous quittons Villahermosa et prenons la route pour visiter Palenque, une cité maya qui se situe dans l’état mexicain du Chiapas, près du fleuve Usumacinta. C’est l’un des sites les plus impressionnants de cette culture. Comparée aux autres cités mayas, elle est de taille moyenne (bien plus petite que Tikal ou Copán), mais se distingue néanmoins par son patrimoine architectural et sculptural. La zone découverte jusqu’en 2005 représente 2,5 km² mais on estime avoir exploré moins de 10 % de la superficie totale de la cité. Il resterait encore plus de mille structures couvertes par la forêt.
Palenque (B'akaal) fut un centre important de la civilisation maya entre le V^ème et le IX^ème siècle. Pendant cette période se succédèrent épisodes glorieux et catastrophiques, alliances et guerres. À plus d’une occasion, Palenque s’allia avec Tikal, l’autre grande cité maya de l’époque, et ce surtout dans le but de limiter l’expansion de la belliqueuse cité de Calakmul, aussi connue sous le nom de "Royaume du serpent". Calakmul vainquit à deux reprises, en 599 et en 611.
Les Seigneurs de Palenque proclamaient que leur lignée remontait à un passé fort lointain. Certains allaient même jusqu’à se vanter du fait qu’elle datait de la création du monde qui, dans la mythologie maya, eut lieu en l’an 3114 av. J.-C.
Comme nous l'avions fait à Chichen Itza et Calakmul, nous bivouaquons à moins d'un kilomètre du site (mauvaise nuit pour cause de forte chaleur humide, sans un souffle d'air, même dans la tente de toit), de façon à être les premiers à visiter les ruines, à l'ouverture.
Le Temple des Inscriptions, le Temple du Soleil, et le Palais, sont les principaux monuments qui émergent de la jungle, ce qui donne un caractère mystérieux à cette cité maya.

Une longue et sinueuse route de montagne nous mène ensuite à San Cristobal de Las Casas, à 2.100 m d'altitude, toujours dans l'état du Chiapas. Enfin une nuit "fraîche", avec seulement 9° au petit matin ! Durant les premières semaines de janvier 1994, San Cristobal fit la une de l'actualité mondiale après l'attaque de l'armée zapatiste de libération nationale visant à défendre les Indiens opprimés du Mexique (et surtout du Chiapas). C'est une ville coloniale aux nombreuses églises, et en particulier le "Templo de Santo Domingo". Comme la plupart des villes coloniales que nous avons visitées en Amérique latine, les édifices sont tous plus colorés les uns que les autres, pour le plus grand bonheur de nos appareils photos.

Tout au long de la route de montagne qui nous mène à Oaxaca, nous traversons "la" région du mezcal, cet alcool à base d'agave. Les distilleries artisanales se succèdent, et nous assistons avec plaisir à la récolte puis à la distillation qui fournira cet alcool qui titre environ 50°.
La tequila et le mezcal sont deux spiritueux différents issus d'agaves, mais de modes de fabrication, de régions de production et de terroirs distincts.
Pour le mezcal, on utilise des agaves ayant mûri pendant 6 à 12 ans avant qu'ait lieu la récolte. Les feuilles acérées sont élaguées par le cultivateur d'agave à l'aide d'un outil tranchant, la coa, pour ne garder que le cœur ou piñas (mot espagnol pour ananas).
Traditionnellement, les piñas, qui ressemblent à un ananas géant de 30 à 60 kg, sont cuites dans des palenques, des fosses coniques de 2 à 3 mètres de diamètre creusées dans le sol et dont les parois sont recouvertes de pierres chaudes, de feuilles d'agave, de petate (tapis de fibre de palme) et de terre.
La cuisson à la vapeur, qui dure entre 24 et 50 heures à une température d'environ 55°C, permet de transformer les amidons contenus naturellement dans la plante en sucres qui, après fermentation, donneront l'alcool. Ce mode de cuisson permet également à la boisson de s'imprégner des saveurs de la terre et de la fumée.