Les Pisans et les Génois ont colonisé la Corse pendant plusieurs
siècles, et un grand nombre de ponts en pierre ont été
construits au cours des deux périodes qui s'étendent du
XIIIème au XVIIIème siècle.
Ces ponts témoignent, par leur nombre, de la réorganisation
économique dont l'île fut l'objet lors de la domination génoise
; en effet, ils ont été un élément fondamental
de progrès et leur âge d'or correspond à une évolution
économique où routes et ponts deviennent indispensables
au transport des principales productions de l'île : le blé,
le vin, l'huile d'olive et les châtaignes qui sont les bases de
la nourriture et de l'économie de l'île.
Dos-d'âne, arche unique et tablier étroit caractérisent
les ponts génois ou pisans. Ce terme regroupe toutes les réalisations
du XIIème au XVIIIème siècle.
Mais c'est surtout au XVème siècle que, pour
relancer l'économie insulaire et favoriser les échanges,
l'administration génoise jeta nombre de ponts entre les communautés
jusqu'alors isolées. Ces ouvrages n'ont plus à faire preuve
de leur solidité ; abandonnés pendant des siècles,
il leur fallut parfois suppléer un pont récent endommagé
lors d'une crue. En effet, leur hauteur et leur position à un endroit
large du cours d'eau sont calculées en prévision des crues
parfois subites et violentes sous le climat méditerranéen.
Au détour d'un sentier, leur orgueilleux dos d'âne perce
soudain dans le maquis, et ces ouvrages donnent à la Corse intérieure
l'une de ses plus belles touches de charme. Les ponts encore debout se
révèlent des chefs-d'uvre de technicité
et d'élégance, inspirés de l'art gothique, qui
prévalait encore au moment de leur construction. Une petite dizaine
de ces ponts sont classés Monuments historiques. |