Vendredi 23 janvier : nous quittons avec plaisir Buenos Aires, cette ville tentaculaire avec une circulation plus que dense. Cette fois-ci, nous prenons réellement la direction d'Ushuaia, 3.083 km par la Ruta 3. Pour notre premier bivouac, nous sommes accueillis dans une estancia (une petite estancia de 300 hectares !) par Ignacio et Anna, un couple adorable, qui nous fait partager une délicieuse parilla (barbecue). Nous sommes toujours aussi émus de cet accueil extraordinaire que nous recevons, et ce soir nos hôtes battent des records de gentillesse. Dès le deuxième jour de cette route de liaison, nous sommes en pleine pampa argentine et au début de la Patagonie, avec des vents à décorner les bœufs et une température de 41° à l'ombre, le tout accompagné de poussière qui va jusqu'à obscurcir le ciel. Et pendant près d'une heure, nous subissons un gros orage accompagné de vents encore plus violents, … bonjour la Patagonie. La Patagonie désigne la région la plus méridionale de l'Amérique du Sud, s'étendant sur l'Argentine et le Chili. La Patagonie fut découverte en 1519 par Magellan, qui nomma de nombreux lieux remarquables qui se trouvaient sur son passage. Patagonie signifie "Terre des Grands Pieds". La légende dit que Magellan et son équipage auraient aperçu une tribu de géants aux grands pieds. Ils nommèrent cette tribu les "Patagons" ou "Grands Pieds". Plus tard, des explorateurs prétendirent les avoir également vus et firent des dessins des Patagons. Échancrée par des fjords abrupts, parsemée d'îlots dénudés, hérissée de sommets escarpés, comme celui du Cerro Paine, la Patagonie, à l'extrême sud de l'Amérique, c'est aussi la dernière terre habitable avant le Pôle sud. A 600 km au nord du cap Horn, se dresse le Fitz Roy, 3 405 m, sommet bien plus difficile d'accès que ceux de l'Himalaya.

Autre "spécialité" de la Patagonie, nous avons droit aux contrôles sanitaires : les viandes, dérivés de viande, et les fruits, sont interdits ; bien entendu, nous en avions acheté pas mal avant de quitter Buenos-Aires, et il n'était pas question de les jeter.

C'est donc avec 40° à l'ombre que nous vidons le frigidaire quelques km avant les contrôles pour mettre toute notre nourriture dans les malles sur le toit ! Et comble de l'ironie, non seulement les argentins nous emm….. avec leurs mouches à fruits et à viande, mais en plus il faut payer (5 pesos) le contrôle, du jamais vu. Après cette fatigante journée, nous arrivons à Viedma, où nous sommes attendus par Gaston et Gabriela, membres de ce club de Toyoteros qui nous avaient accueillis à Buenos Aires.

Encore une super soirée, et nous avons vraiment de la chance d'être dans leur maison en cette soirée de vents de poussière. En quittant nos amis, nous visitons Carmen de Patagones, ville qui s'est illustrée pendant la guerre contre le Brésil en 1827. Les deux points d'intérêts sont le Templo Parroquial Nuestra Senora del Carmen, et le pont "Puente Ferrocarretero", datant de 1931 (pont où les voitures partagent la chaussée avec les trains !).

Le début de la Patagonie nous offre de beaux points de vue sur les falaises de La Loberia, où nichent des colonies de lions de mer ; plus de 100 km de piste nous amènent ensuite à un superbe bivouac sauvage au bord de l'océan. Nous continuons toujours par cette Ruta 3, longue de plus de 3.000 km, et assez fastidieuse, d'autant plus qu'au fur et à mesure que nous descendons au sud, le vent des steppes forcit et rend la conduite délicate. Un détour d'une journée nous permet de faire de la piste jusqu'à Camarones, à proximité de Cabo Dos Bahias où nichent d'importantes colonies de manchots.

De retour sur la Ruta 3, en traversant la petite ville de Caleta Olivia, nous sommes interpellés par une radio locale, et avons droit, une fois de plus, à un direct d'un quart d'heure (le plus drôle, c'est la réaction des automobilistes qui écoutent cette radio, et s'arrêtent à notre hauteur). Quelques heures avant d'arriver à Rio Gallegos, le temps change : le vent vient du sud, glacial, en provenance directe de l'Antarctique, et la température chute brusquement, culminant à 12 ou 13° ! Après ces 6 mois de chaleur, le contraste est douloureux ; nous sortons les pulls, les marcels, les chaussettes (ah, en 6 mois, on avait oublié ce qu'étaient des chaussettes !). Encore deux ou trois jours de route et nous arriverons en Terre de Feu.