Notre première étape, après Puerto Natales, sera le Parque Nacional Torres del Paine, un parc national du Chili situé entre la Cordillère des Andes et la pampa de Patagonie. D'une surface de 200.000 hectares, le parc fut créé en 1959. Il a été déclaré réserve de biosphère, en 1978, par l'UNESCO. Il tient son nom de trois formations granitiques emblématiques du parc, les Torres (Tours) del Paine, qui lui confèrent un fort attrait touristique.

La géopolitique nous oblige à constamment naviguer entre l'Argentine et le Chili. Les deux pays n'ayant pas mis en place un "Schengen", nous devons à chaque fois passer la frontière, avec toute la procédure administrative que cela implique. Nous voilà donc une fois de plus en Argentine, avec toujours, près de la frontière, le même problème pour trouver du gazole au même prix que pour les argentins. Mais grâce à nos réservoirs de 250 litres de gazoil, nous avons le temps de voir venir.

Et c'est à nouveau 20 km de piste glissante, mais plus facile car nous roulons dans nos propres traces.Nous passons la fin d'après-midi à la distillerie d'Alberto, avant d'aller chez lui, où nous retrouvons son épouse et leur fils.
Pour les voyageurs qui passent à El Calafate, allez faire un tour à la distillerie, Alberto vous fera gouter sa vodka, et pourra bien sûr vous en vendre : 935 Av. Libertador. Voir son site : www.eltranquilo.com.ar

Il s'agit d'une vodka de paramella (plante médicinale venant des indiens Tehuelches, spécifique des steppes de Patagonie argentine). Nous resterons ainsi deux jours chez eux, à El Calafate, avant d'aller admirer le glacier Perito Moreno.

L'avancée du glacier, qui mesure en moyenne 60 m de haut et recouvre une superficie de 257 km², a obstrué un bras du Lago Argentino à 16 reprises entre 1917 et 2004. Le Perito Moreno est le seul glacier au monde accessible en voiture, le parking le surplombant à moins de 100 mètres ; un chemin permet ensuite de s'en rapprocher et de le longer sur toute sa largeur, soit au raz de l'eau, soit avec de la hauteur. Le glacier est alors un inoubliable spectacle pour les oreilles comme pour les yeux. Nous "écoutons" vivre le glacier ; en effet, la chute régulière dans l'eau des énormes blocs de glace qui se détachent du front du glacier provoque un bruit fracassant. Nous bivouaquons et prenons notre breakfast devant ce décor naturel époustouflant, un grand moment de notre voyage. Après une dernière nuit à El Calafate, chez Alberto, nous reprenons la route pour El Chalten, la partie nord du Nacional Parque, avec de très beaux paysages de glaciers, mais moins impressionnants que le Perito Moreno.

Sur la route, en plein vent, nous faisons une suprenante rencontre : Ben et Sylvette, un couple de français, en vélo, avec leur fils Zian dans un chariot tiré par une des bicyclettes.

ils sont partis pour un an, roulant ainsi en Amérique du Sud, après avoir parcouru les pistes de Mongolie et de Corée du sud. Nous passons un moment avec eux, en les admirant, même si nous savons que nous ne le ferions pas ! Voir leur site : http://www.roulechariotte.fr

C'est alors le début ce qui sera peut-être l'une des plus belles pistes de notre voyage : la Carretera Austral, piste de montagne qui longe de nombreux lacs, fjords, et est entourée de sommets enneigés et de glaciers. La piste n'est vraiment pas bonne (piste de cailloux), mais les paysages sont fantastiques, nous en prenons plein les mirettes ! La route australe (Carretera Austral en espagnol) également communément désignée sous le nom de Carretera Présidente Augusto Pinochet est le nom donné à la route n°7 au Chili. Mesurant 1.240 kilomètres, la route australe inaugurée en 1986 relie à travers la Patagonie la ville de Puerto Montt à Villa O'Higgins. Elle permet d'accéder aux régions de Aisén et des Lacs. Elle est parfois surnommé Sentier Général Pinochet (Senda Général Pinochet) du fait de son étroitesse sur la plus grande partie de son itinéraire (soit 4,5m de largeur). La Carretera Austral est une des grandes réalisations initiées et réalisées sous le régime militaire d'Augusto Pinochet.

Commencée en 1976, son objectif était de relier les différentes communes de ces régions reculées du Chili, jusque là isolées et mal desservies. Il était notamment impossible de rejoindre par voie terrestre chilienne la région de Aisén à moins de passer par l'Argentine voisine. En 1975, le régime militaire, focalisé sur les problèmes liés à la souveraineté nationale du Chili dans un contexte de conflit larvé avec l'Argentine voisine, décida de mettre en œuvre un gigantesque projet d'ingénierie publique destiné à désenclaver la Région Aisén et à ne plus être tributaire des voies terrestres argentines.

En 1976, plus de 10.000 soldats de l'armée chilienne participèrent aux travaux du plus coûteux ouvrage d'art du XXe siècle au Chili, nécessitant de trouver des voies de pénétration à travers les fjords, deux cols et les roches glaciaires. Plusieurs soldats perdirent la vie, notamment au cours d'opérations de dynamitage de roches. Le coût de la construction de la route australe aura été de 200 millions de dollars.

1 mars : une semaine de piste cassante, nous sommes nous aussi un peu … cassés ! Nous quittons la Carretera Austral et le Chili, pour revenir en Argentine, où nous attend Mariano, un ami "Toyoteros", qui possède un complexe touristique à Bariloche. Nous sommes accueillis dans ce superbe "Resort" où nous allons nous reposer pendant une semaine. En effet, après bientôt 8 mois de routes et pistes sur le continent sud-américain, nous sentons le besoin de recharger nos batteries. Nous allons partager notre temps entre la réalisation de nouvelles pages du site Internet, l'écriture d'articles, la piscine, le jacuzzi, le sauna, … bref nous sommes à plaindre ! C'est "l'été indien", beau et chaud, Mariano en profite pour nous emmener faire un tour sur le lac Mascardi, avec son bateau, et nous allons pratiquement au pied du glacier Tronador; et dimanche nous faisons un super "asado" (barbecue) avec Mariano ses amis.

Dans notre bungalow, nous avons une cuisine équipée, et nous faisons une véritable cure de viande rouge (la viande argentine est à la hauteur de sa réputation), mais également de délicieux "mollejas" ris de veau (à 6 Euros le kilo, nous aurions tort de nous priver), et le tout accompagné de très bons vins argentins que l'on trouve à des prix dérisoires !

Pour les futurs voyageurs en Argentine, une superbe adresse pour se poser quelque jours, l'Estancia del Carmen, à 10 km de Bariloche. La semaine prochaine nous repartons pour le Chili, afin de profiter de la beauté de l'île de Chiloé en ce début d'automne.