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~ BOLIVIE - LE SALAR D'UYUNI ET L'ALTIPLANO ~
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Lundi 27 juillet 2009 : une journée d'une piste difficile sera nécessaire pour relier Potosi à Uyuni, dans l'Altiplano. Notre première nuit sera dans un petit village perché à 4.200 m, mais le vent du nord apporte une relative douceur, et il ne fera que – 4° au lever du jour. Le lendemain, nous arrivons enfin à Uyuni. Mais revenons d'abord sur l'histoire de la Bolivie. La Bolivie est un pays de 10 millions d'habitants, dont près de 70 % vit sur l'Altiplano, malgré le climat glacial. Le pays compte 36 groupes indiens qui représentent environ 60 % de la population. Le pays est actuellement indissociable d'Evo Morales, premier Indien à accéder à la présidence de la Bolivie. Élu en décembre 2005, celui-ci a promis de "changer l'histoire". En mai 2006, Morales a marqué son opposition à l'exploitation étrangère en nationalisant le gaz bolivien (à l'instar de ce qu'a fait son "ami" Chavez au Venezuela). |
La volonté de Morales est de faire accéder les Indiens à l'égalité, en améliorant leur statut et en leur permettant de partager le pouvoir économique et politique, après des siècles de domination par les descendants des Espagnols. Mais Morales doit se battre sur bien d'autres fronts, comme la demande d'autonomie du département de Santa Cruz (Bolivie occidentale), à majorité blanche, riche en pétrole et en terres agricoles. Une des spécificités de la Bolivie est d'être un pays enclavé, sans accès à la mer ; mais ce handicap est également une force pour le pays : en effet, au-delà des divisions, les boliviens, unis par un amour de l'océan aussi passionné que frustré, ne manquent jamais de commémorer "El Dia del Mar" (jour de la mer), commémorant l'annexion par le Chili de la petite côte bolivienne, le 23 mars 1879. L'altitude renforce aussi l'isolement de la Bolivie ; l'aéroport international de La Paz est situé à 4.070 m, ce qui empêche le décollage d'avions gros porteurs (les avions ne peuvent pas décoller avec le plein de carburant, trop lourd à ces hautes altitudes). Il n'y a donc aucune liaison directe entre la Bolivie et l'Europe, mais des liaisons avec au minimum deux escales (USA ou Pérou). La Bolivie est l'axe central des Andes. L'Altiplano s'étend sur plus de 30 % du territoire et abrite les plus hauts déserts du globe, qu'ils soient de sel, de sable, ou de roche. L'Altiplano est une zone volcanique où les geysers cohabitent avec les lagunes et les volcans éteints. |
L'Altiplano bolivien est coupé en deux par le Salar d'Uyuni, ancien lac soumis aux cycles climatiques des derniers millénaires et dont il ne reste plus que la blancheur aveuglante du sel, à perte de vue. Le Salar d'Uyuni, vestige d'un lac d'eau de mer asséché, ce sont plus de 12.000 km2 qui en font le plus grand désert de sel du monde, et une production annuelle de 25.000 tonnes de sel. C'est surtout une réserve de sel de plus de 10 milliards de tonnes qui permet d'envisager encore près de 500.000 ans d'exploitation, et cela représente un tiers des réserves de lithium de la planète. C'est une immense surface lisse et dure comme du roc à 3.667 mètres d'altitude, qui couvre l'équivalent de deux départements français, ce qui en fait la plus grande étendu plane du monde. Sa formation remonte à 40.000 ans où l'étendue d'eau salée était une partie du Lago Minchin, un lac préhistorique géant. Mais, même ici, la vie n'a pas renoncé ; sur les rares îles de ce désert, petites collines de quelques centaines de mètres de haut, surgissent des cactus géants et quelques plantes tenaces dont se nourrissent les habitants. Un hôtel, situé au centre du lac et entièrement construit en sel, est une curiosité du lieu. Le salar d'Uyuni est sans doute l'un des lieux les plus hallucinants d'Amérique du Sud ! |
Nous entamons donc ce qui sera certainement le plus époustouflant périple de notre voyage, le "Circuit du Sud-Ouest" bolivien. La pointe sud-ouest de la Bolivie est en effet un exceptionnel ensemble de paysages minéraux, des étendues salines d'une blancheur aveuglante du Salar d'Uyuni au foyer d'activité géothermique de Los Lipez, l'une des régions sauvages les plus rudes de la planète et un refuge pour de nombreuses espèces andines. Le sol déborde littéralement de minéraux qui produisent une extraordinaire palette de couleurs. Nous roulons plus de 100 km sur cette immensité blanche du Salar d'Uyuni, sans rien à l'horizon que quelques pics montagneux. Et nous nous offrons un bivouac sur le salar, au pied de l'île Incahuasi, couverte de cactus "trichoreceus". Le spectacle est féérique, que du blanc à l'horizon, avec le contraste d'un ciel bleu pur. |
Le lendemain, nous quittons la platitude du salar pour grimper dans les Andes à la découverte de lacs d'altitudes tous plus beaux les uns que les autres. La piste est rude, avec beaucoup de "tôle ondulée" cassante aussi bien pour les véhicules que pour leurs passagers. Mais nous sommes récompensés par l'immense beauté des paysages. C'est ainsi que le premier soir, nous bivouaquons, seuls, au bord de la Laguna Cañapa, seulement habitée par une colonie de flamants roses. Notre breakfast au bord de la laguna, avec ces flamants qui avancent prudemment sur la partie gelée du lac sera un souvenir inoubliable. |
Une demi-journée de piste, tantôt de cailloux, tantôt de sable, dans un décor magique de haute altitude, nous permettra d'atteindre la Laguna Colorada, l'un des points forts de ce circuit. Ce lac rouge, à 4.278 m d'altitude, couvre approximativement 60 km2 et sa profondeur ne dépasse pas 80 cm. Son intense coloration provient des algues et du plancton qui prospèrent dans l'eau, riche en minéraux. De brillants dépôts blancs de sodium, de magnésium et de gypse ourlent la rive du lac. Cette fois-ci, nous avons acheté de l'additif antigel pour diesel, ce qui nous permet de profiter pleinement de notre chauffage Eberspächer, malgré les – 15° en fin de nuit. Nous aurons ainsi plusieurs nuits dans le 4x4 à plus de 4.300 m et des températures glaciales, mais jamais notre chauffage ne nous fera défaut. |
Puis ce sera la découverte des geysers de Sol de Mañana, à 4.925 m d'altitude (notre record), avec ses mares de boue bouillonnante, ses fumerolles et l'odeur des vapeurs sulfureuses.
mais on inhale avec plaisir ces vapeurs après nos grippes, ce qui va revigorer nos bronches. |
Un peu plus loin, aux "Termas de Polques", un bain thermal est rempli de touristes, nous ne nous y arrêterons donc pas. En effet, nous sommes en haute saison touristique (vacances d'été des européens), et ce circuit du Sud Ouest est très prisé ; ce sont donc des dizaines de 4x4 (Toyota Land cruiser) qui circulent sur ces pistes, les voyagistes étant nombreux et se faisant une guerre sans merci sur les prix. |
Mais nous arrivons à l'autre point fort de cette boucle, la Laguna Verde. Ce magnifique lac bleu-vert (4.400 m) se niche à la pointe sud-ouest de la Bolivie, près de la frontière chilienne. Son extraordinaire couleur verte est due à l'importante concentration en carbonates de plomb, de soufre, d'arsenic et de calcium. Un vent glacé fouette en permanence la surface du lac, le couvrant par endroits d'une brillante écume vert et blanc. Derrière le lac se dresse le cône du volcan Licancabur (5.960 m), dont le sommet aurait abrité une ancienne crypte inca. Cerise sur le gâteau, nous trouvons près de la Laguna Verde un bain thermal que se réservent les chauffeurs et guides, … qui se gardent bien d'y emmener leurs clients. Nous nous baignons, seuls, dans cette eau chaude (plus de 40°), dans un décor somptueux, une belle récompense après ces heures de pistes difficiles. Un dernier bivouac à 4.400 m (encore – 15°), et nous commençons à remonter vers le nord, la boucle nous faisant passer plus à l'Est qu'à l'aller. Au hasard d'une mine de sel, nous obtenons de pouvoir acheter 40 litres de diesel, assurant notre sécurité pour le retour sur Uyuni. |
Près de Quetena Chico, nous nous arrêtons dans un minuscule pueblo pour essayer d'acheter du pain. Nous sommes accueillis par un couple de boliviens, petits éleveurs de lamas, qui nous proposent de nous faire cuire du pain. Aussitôt dit aussitôt fait, notre hôte nous prépare des petits pains (façon nams asiatiques) dans son petit fourneau à bois. L'heure avançant, nous décidons de passer la nuit sur place, et partageons ainsi un moment avec nos deux boliviens qui se font un plaisir de nous emmener voir leurs lamas (ils en ont une centaine). Le soir, c'est le retour dans l'enclos, et le lendemain matin sous un beau ciel ensoleillé, la sortie du troupeau. Nous avons ainsi tout loisir d'observer de près ces camélidés domestiques d'Amérique du Sud. Le terme "lama" est souvent utilisé de manière plus large pour s'appliquer aux quatre espèces animales proches qui constituent la branche sud-américaine des camélidés : le lama lui-même, l'alpaga, le guanaco et la vigogne. Clin d'œil : Hergé avait raison, le lama crache pour sa défense, principalement sur les autres lamas proches de lui, … nous n'y avons pas eu droit, contrairement au Capitaine Haddock. Ce crachat est constitué de régurgitations gastriques. |
Enfin, après plus de 950 km de piste, nous retournons à notre point de départ de cette fabuleuse boucle, à Uyuni. De là, une autre piste (encore 320 km de tôle ondulée) nous mènera à Oruro où nous retrouverons le goudron. Mais à mi-chemin, un fort bruit métallique se fait entendre, la piste a réussi à casser l'une des attaches de la barre de stabilisation. Heureusement, une quinzaine de km plus loin nous trouvons un mécano qui nous fit une soudure salvatrice, et nous pouvons ainsi continuer notre route. Le lendemain matin, nous prenons un "brunch" à Sevaruyo, petite gare d'altitude (3.737 m) où règne une ambiance authentique, à l'approche d'une féria. Nous restons près de deux heures à profiter de ce spectacle typiquement andin, pour notre plus grand plaisir. Mercredi 5 août 2009 : de Oruro, nous retrouvons avec joie une route goudronnée qui va nous amener à La Paz, où nous attend Éric, Attaché Culturel à l'Ambassade de France. |
Désolé pour les 8 secondes d'absence de musique sur la vidéo
(bug ??),
mais Marc au bout de 24 heures à craqué :-))))
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